Visite au domaine Buisson-Charles fin octobre 2018

Table de tri _ septembre 2018

J'ai devant les yeux les tarifs du millésime 2017 du domaine que Catherine Essa m'a aimablement transmis selon mes desiderata : je regarde chaque cuvée et j'ai bien des difficultés à me décider ! Je n'ai bien sûr pas goûté à tout lors de ma visite : il y a donc quelques cuvées (un petit nombre) qui me sont gustativement inconnues, d'autres que j'ai oubliées (environ quinze vins m'avaient été présentés) et certaines enfin qui se sont bien incrustées dans mon cerveau, qui font l'objet de véritables coups de cœur et que je vais essayer aujourd'hui de commenter (vous allez me dire que j'ai eu le temps d'y réfléchir !).

Meursault _ Les Charmes _ 2016 : Sans doute l'appellation de Meursault la plus subtile ... Charmes a toujours su me "charmer" avec ses connotations dignes des grands Puligny ; ce 2016 est le parfait représentant de ce climat en alliant la finesse à la corpulence ... que c'est bien fait !

Meursault _ Les Bouches chères _ 2016 : Comme à son habitude "les Bouches chères" se présentent avec finesse, prestance, distinction ... tout est délicatesse dans cette cuvée et le 2016 se sent vraiment dans son élément pour sublimer toutes ces qualités ... que c'est déjà divin maintenant ... j'ose imaginer l'enthousiasme dans quelques années quand la demoiselle aura muté son regard provocateur en une bienveillance maternelle !

Bourgogne _ Les Hautes coutures _ 2017 : sur des arômes de fruits noirs et rouges dans lesquels se sont immiscées des connotations de réglisse qui apportent du corps à l'ensemble !

Volnay _ Premier Cru _ Santenots _ 2017 : matière très profonde et structurée sur les fruits noirs, le sous-bois, la ronce ... en bouche le liquide irradie toutes les parcelles gustatives ... c'est grand !

Chapelle-Chambertin _ Grand cru _ 2017 : cette cuvée est une nouveauté au domaine ; la goûter après les Santenots n'a pas été tâche aisée pour elle ... et pourtant : au premier abord il me semble détecter des traces d'élevage sur lesquelles je reviendrai ; en bouche la matière est limpide, structurée, déroutante eu égard à la cuvée précédente car beaucoup moins sur le fruit mais où se révèlent des embryons épicés qui laissent une impression corpulente et cryptée. Je sens le verre vide, car pour la seule fois lors de cette dégustation, j'ai ingurgité ce qui m'était proposé (c'était la première fois que je portais à ma bouche du Chapelle-Chambertin), et à ce moment je comprends mieux mon premier nez : ce que j'avais pris pour des reliques d'élevage étaient en fait des connotations épicées sous-jacentes ! Il va falloir laisser le temps au temps, sans doute je ne vivrai pas assez longtemps (oui je vais en acquérir une bouteille), mais quand tout cela s'ouvrira, je vous garantis une explosion olfactive et gustative !

Meursault _ Vignes de 1945 _ 2017 : certainement la plus belle surprise en blanc pour le millésime 2017, cette cuvée s'affirme sur les fruits blancs et en révèle toute la profondeur et la finesse ! Bouche déjà bien ronde, en fait ce vin a déjà tout ... il suffit de déboucher la bouteille (prenez soin quand même de le laisser quelque temps sous verre, je vous vois déjà avec le tire-bouchon entre les dents !).

Meursault _ Tessons _ 2017 : sur un aspect plus droit et minéral que la cuvée précédente, "Tessons" (toujours plus difficile à appréhender dans sa prime jeunesse ... imaginez un petit garçon au regard dur) est souvent présent dans mes réservations car je sais ce que peuvent devenir ces "mauvais garçons" comme les chantait si bien M. Hallyday : (un jour) "nous les verrons avec de l'amour parmi les bons, ils ne seront plus de mauvais garçons" ... il en est de même pour les "Tessons" !

Meursault _ Goutte d'or _ 2017 : voici le rayon de soleil final, le bouquet comme on le nomme à la fin d'un feu d'artifice ; Maurice Chevalier avait donné ce conseil à Johnny Hallyday : "dans un concert, soigne ton entrée et ta sortie ... pour le reste ,chante ...". Patrick Essa a dû entendre cette recommandation, car ce Goutte d'or est un exemple d'équilibre, de somptuosité et de grandeur !

A la fin d'une visite au domaine Buisson-Charles, je suis un peu étourdi comme lorsque je sortais d'un concert de rock il y a trente ans : tout à coup, la réalité me retombe sur les épaules, le rêve s'est évanoui ...  une telle démonstration vinique nous emmène dans un monde féérique ... un passage au 3, rue de la Velle à Meursault, c'est Noël avant l'heure !